Nerval à Roncevaux

a-roncevaux

Mille morts enterrés, rien de cérémoniel ;
Mille moines priant sous des toiles de tente,
Après le grand combat, la bataille éclatante,
Vient sur ce noir vallon le temps pénitentiel.

Âmes des chevaliers, vous fûtes trop ardentes,
Vous êtes à présent des éclairs dans le ciel ;
L’Empereur ne craint point l’orage torrentiel
Qui lave obstinément cette vallée sanglante.

Empereur, tu n’as plus ce courage de lion,
Lequel faisait naguère avancer, par millions,
Les soldats qui, pour toi, suivaient les longues routes ;

La fierté de César, l’ambition d’Attila,
Tu n’as plus rien de ça, car ton neveu gît là :
C’est un deuil sans appel pour ton coeur en déroute.