Marionnettes oniriques

dragon

Je dors, je rêve : et ainsi je crois voir
Quelques pantins jouant des tragédies,
Quelques épées, quelques lances brandies,
Quelques vieux rois luttant pour le pouvoir.

Un noir criquet les rappelle au devoir ;
Un gris pluvian modère leur folie.
De leurs actions cette nuit est remplie,
Quel jeu dément, quel étrange savoir !

Comme au Guignol où je riais aux larmes
Quand le héros bâtonnait le gendarme,
Je dors, je rêve et me divertis fort.

Bien que riant, mon coeur est un peu sombre :
Il reconnaît ici son propre sort,
Lui, pauvre acteur d’un grand théâtre d’ombres.