Un animal anthropomorphe tourmente un jeune juge
Cochonfucius entra de nouveau en discussion avec le religieux de la Montagne de l’Est sur les habitants de l’Ouest et les animaux. Cette fois, ils parlèrent des cas où l’animal servait d’instrument au Ciel pour punir ceux qui l’avaient mérité. Le maître en voulait des exemples. Le religieux répondit respectueusement par un bref récit.
« Un animal anthropomorphe se tenait derrière des barreaux. Les vierges et les épouses, venues des villages voisins, admiraient une partie de son anatomie. »
« Laquelle ? », demanda le Maître.
« Ma mère, reprit le religieux, m’a défendu de vous la nommer. Mais les choses changèrent brutalement. La porte de la prison de l’animal, ayant été mal fermée, vint à s’ouvrir. L’animal anthropomorphe en sortit, disant que ce même jour, il la perdrait. »
« Qu’allait-il donc perdre ? »
« Eh bien, sa virginité. Etant quasi humain, il en était fort tourmenté. Lorsque les vierges et les épouses se rendirent compte de son désir, elles se mirent hors d’atteinte. Malgré l’intérêt qu’elles y avaient porté, elles ne souhaitaient pas entrer en contact avec la réalité en question. »
« On parle ainsi d’un amateur de portraits de dragons, qui défaillit quand un vrai dragon s’approcha de lui. »
« La fuite ne fut pas absolument générale. Une épouse, ou plutôt une veuve, ayant plus d’un siècle de vertueux âge, trouvait peu probable que l’animal fût attiré par elle. D’ailleurs, l’idée ne lui en semblait pas trop inacceptable. Près d’elle se tenait un jeune juge, revêtu de son costume d’apparat. Il considérait comme totalement impossible qu’on pût le confondre avec une femelle anthropomorphe. Par la suite, on s’aperçut qu’il avait tort.
Oserai-je vous demander, maître Cochonfucius, au cas où vous auriez à violer un juge ou une ancêtre, lequel des deux vous choisiriez ? »
Le Maître dit : « Si le Ciel me mettait en tel embarras, il est certain que j’opterais pour la vieille femme. »
Le religieux poursuivit : « Ces animaux anthropomorphes sont bien pourvus à certains égards, mais ils sont démunis d’esprit et de bon goût. Donc, ne choisissant point la vieille dame, comme vous et moi l’aurions fait, il saisit le jeune juge par une oreille, et disparut avec lui dans les buissons. »
« Qu’arriva-t-il ensuite ? »
« Par malheur, je ne puis vous le dire. Cela nous aurait certes diverti. Le juge, à un moment crucial, criait comme un enfant, et pleurait tout autant que l’homme que, ce même jour, il avait condamné à la peine capitale. »
Le Maître dit : « Si j’étais un habitant de l’Ouest, j’en ferais bien une chanson. »
Voir
http://www.analysebrassens.com/?page=texte&id=3
ainsi qu’une autre histoire :
Les habitants de l’Ouest et les animaux
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Le religieux de la Montagne de l’Est disait à Cochonfucius : «Les habitants de l’Ouest disent que les animaux sont donnés par le Ciel, et que pour cela, il faut lui en restituer. Mais par restituer, ils veulent dire massacrer l’animal.»
Cochonfucius demanda respectueusement : «En est-il des exemples?»
«Plusieurs, répondit le religieux. L’autre semaine, un patriarche, vivant dans une région aride, crut qu’il était de son devoir de massacrer son enfant innocent. Mais sur le point d’effectuer son geste meurtrier, il vit un bélier qui se trouvait là par la volonté du Ciel. Il versa donc le sang de cet animal.»
«L’animal, interrompit le Maître, aurait pu être un porc. Et qu’aurait fait le patriarche?»
«Il aurait dit Hoc est porcus et l’aurait immolé de même.»
«Les habitants de l’Ouest ne montrent-ils jamais nulle bienveillance envers un animal?»
«Ils en montrent parfois, mais l’animal n’est pas sauf pour autant. Ainsi, non loin de l’endroit où le patriarche rencontra un bélier, une bergère vit un tigre minuscule, que dans ces étranges contrées, on nomme “chat”. Ce sont des animaux de compagnie ; mais celui-là, étant fort jeune, réclamait sa mère.
La bergère s’en saisit et l’installa contre sa poitrine. Il s’alimenta du lait de cette femme, ce qu’elle permit avec bienveillance.
Mais les habitants de son village, du moins les hommes et les jeunes garçons, en la voyant agir ainsi, se mirent à négliger les devoirs de leurs charges. Ni le chef du village, ni le messager impérial, ni même l’aubergiste ne surent rester fidèles aux fonctions que le Ciel leur avait imparties.
Il advint même un sacrilège. Un jour tous les sept jours, leur sorcier a coutume d’opérer une double transmutation, par laquelle un aliment devient le corps d’un homme d’autrefois, tandis qu’une coupe de vin devient un calice empli de son sang versé au supplice. Ils en font un repas solennel. Mais cette transmutation nécessite que dans le sanctuaire, soient présents de très jeunes garçons qui jouent un rôle auxiliaire. Lorsque la bergère se mit à nourrir son animal à proximité de ce sanctuaire, les jeunes garçons en question quittèrent les lieux pour admirer un tel spectacle. Au repas solennel des habitants de l’Ouest, ils ont préféré celui que la bergère offrait au tigre minuscule.»
«Le sacrilège, fit remarquer Cochonfucius, appelle un châtiment.»
«Le châtiment, poursuivit le religieux, vint des épouses et des vierges de ce village. En troupe nombreuse, et munies d’armes redoutables, elles massacrèrent l’animal, qui fut ainsi, selon leurs termes, restitué au Ciel. La bergère devint elle-même une épouse. Les habitants de l’Ouest n’instituèrent pas de commémoration pour cet épisode.»
«Ils ne le pouvaient pas, conclut le maître. La victime étant un animal de compagnie, son immolation est entachée d’impureté. De plus, s’il fallait instituer une commémoration pour chaque animal qui se fait injustement massacrer, on n’en verrait pas la fin.»
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L’histoire ne dit pas que la bergère, pas si innocente que ça, avait du lait, mais seulement que le chaton s’est mis à la téter.
Elle a donc, par la suite, pris un mari pour se “consoler”.
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C’est parfaitement logique, c’est pourquoi je n’y avais pas pensé. 🙂
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Chant préhistorique
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Écoutant Brassens,
En ce jour d’été je songe
À ce fier poète.
Pierrette en héraldie
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