Le dernier des Sonnets à Orphée

orpheus

Sculpture de Barry Woods Johnston

Calme ami des lointains, peux-tu sentir
Combien ton souffle amplifie cet espace ?
Aux poutres du clocher, vont retentir
Les carillons. Ton prédateur vorace

Ainsi nourri gagne une force neuve.
Sors et entre à nouveau, change sans fin.
Quelle fut ta plus torturante épreuve ?
Si boire est amertume, sois le vin.

Sois cette nuit, par le débordement
De la magie des sens en croisement,
De leur coïncidence, un sens déduit.

Si oublié de Terre te trouvais,
Dis à la calme Terre : Je m’en vais ;
Mais dis au flot précipité : Je suis.

Sonnet de Rainer Maria Rilke
Traduction de Cochonfucius