Plume vieillissante

plume

De ce bel instrument, suis-je toujours armé ?
Ne puis-je l’oublier en ma pâle vieillesse
Et laisser s’amuser la nouvelle jeunesse ?
Car à chenu vieillard ne convient s’escrimer :

Oui, mais comment parler de ce que j’ose aimer
Si ce n’est en guidant la plume en sa finesse ?
Ces pages ne sont pas un organe de presse,
Mais j’apprécie le sens que j’y peux enfermer.

Les mots qui sont issus de cette main ridée,
Qui conjuguent l’ancienne et la nouvelle idée,
Ce sont les bons enfants que j’ai dans ma maison ;

Je ne les requiers pas pour servir ma défense,
Mais pour renouveler les plaisirs de l’enfance
Qui rit d’apprivoiser des êtres de raison.