Cher vieux clavier
Je me souviens d’avoir, par un matin limpide,
Noirci bien du papier par des propos divers
Qu’on aurait pu nommer des paroles en l’air,
Et que mon vieux clavier articulait, rapide.
Alternant le plus fin avec le plus stupide,
Les mots se succédaient à tort et à travers ;
Était-ce de la prose ? étaient-ce quelques vers ?
Je ne m’en souviens plus, c’était trop insipide.
Mais que j’étais heureux de ce sombre labeur !
Plus que n’est, à sa table, un prodigue flambeur
Qui, dans l’ardeur du jeu, dilapide ses rentes.
Merci donc, vieux clavier, organe jamais las,
Par qui notre discours est ainsi mis à plat ;
Par qui trouve un abri notre parole errante.
Était-ce de la prose, étaient-ce quelques vers ?
Stéphane Mallarmé « Le vers est partout dans la langue où il y a rythme. Dans le genre appelé prose, il y a des vers, quelquefois admirables. Mais, en vérité, il n’y a pas de prose : il y a l’alphabet, et puis des vers plus ou moins serrés, plus ou moins diffus. Toutes les fois qu’il y a effort au style, il y a versification.»
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Voir
http://www.paradis-des-albatros.fr/?poeme=voiture/au-cardinal-mazarin-sur-la-comedie-des-machines
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Pingback: La machine à voyager dans le temps – Héraldie, seconde fondation: 13 mars 2017. (Héraldique et Poésie)
Clavier retrouvé
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Un long soir d’hiver,
Les mains traînent sur les touches
Sans aucune adresse.
Pierrette en Héraldie
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