Cher vieux clavier

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Je me souviens d’avoir, par un matin limpide,
Noirci bien du papier par des propos divers
Qu’on aurait pu nommer des paroles en l’air,
Et que mon vieux clavier articulait, rapide.

Alternant le plus fin avec le plus stupide,
Les mots se succédaient à tort et à travers ;
Était-ce de la prose ? étaient-ce quelques vers ?
Je ne m’en souviens plus, c’était trop insipide.

Mais que j’étais heureux de ce sombre labeur !
Plus que n’est, à sa table, un prodigue flambeur
Qui, dans l’ardeur du jeu, dilapide ses rentes.

Merci donc, vieux clavier, organe jamais las,
Par qui notre discours est ainsi mis à plat ;
Par qui trouve un abri notre parole errante.