Une bénédiction

max-ernst-1946hd

Photographie de Frederick Sommer

Tel, poursuivant son ombre au décours des saisons
En gagna le renom de fou par excellence.
Un jour de Grand Midi, et donc de nonchalance,
A un passant quelconque il donna ses raisons.

L’autre lui demanda : « N’as-tu point de maison
Où tu pourrais t’asseoir, dans l’ombre et le silence,
Nous épargnant ainsi ta folle turbulence ? »
Mais lui, sans avertir, se mit en oraison.

« Seigneur, soyez béni pour ce fantôme obscur
Qui allonge son corps sur les pavés bien durs,
Devant vous, tout le jour, il glisse et se prosterne. »

Le passant retourne à son labeur de manant.
Il voit qu’il ne pourra fouler le continent
Que hante le rêveur, et cela le consterne.