Grasse matinée
Encre de Picasso Quand je suis dans mon lit, sur le point d’en sortir, (D’y rester si longtemps ma conscience me blâme), Contre un restant de rêve on me voit me blottir Comme… Continue reading
Encre de Picasso Quand je suis dans mon lit, sur le point d’en sortir, (D’y rester si longtemps ma conscience me blâme), Contre un restant de rêve on me voit me blottir Comme… Continue reading
Portrait de Picasso Poèmes qu’autrefois nous avons entendus, Sans même qu’à l’instant notre esprit les questionne… Or, depuis ce temps-là, dans nos coeurs ils résonnent De leur sens chaque jour un peu plus étendu.… Continue reading
Toile de Picasso Le conte ne dit pas quelle première phrase Murmure à son éveil la belle au bois dormant, Ni ce que lui répond son cher prince charmant. Pas grand-chose sans doute, un propos sans emphase. Le sommeil prolongé qui procure la base De ce curieux récit, presque un petit roman, A la vie de la belle apporte un ornement, Car il suspend le temps comme fait une extase. Quels rêves faisais-tu au château endormi, Voyais-tu, dans le noir, les yeux de ton promis, Ou la mauvaise fée que son ire envenime ? Ainsi le quotidien fait de nous des dormeurs Dont l’esprit engourdi, comme du feu qui meurt, Rêve, confusément, qu’un prince le ranime.
Toile de Picasso Je me souviens d’un pont qui menait à l’école, D’une vitrine ornée de cochons par milliers, De la magie qu’avaient les chemins familiers Et des fourmis courant au bas des herbes folles. Je me souviens d’un maître aimant les paraboles, Des leçons de latin d’un moine régulier (Capable d’expliquer un pluriel singulier), Et d’un grand-père usant d’un langage frivole. Je me souviens d’avoir aimé les animaux Et les arbres du soir agitant leurs rameaux, Et les petits gâteaux au parfum de cannelle. Je me souviens de vous, mes compagnons de jeux, Je me souviens du jour limpide ou… Continue reading
Toile de Picasso Je m’étais réfugié, encore adolescent, Dans la cellule tiède, au coeur du monastère. Peu sévère était l’Ordre et nullement austère, Ce que nous apprenions était intéressant. Puis, nous faisions partie du groupe des puissants, Pour nous les paysans faisaient vivre leur terre, Pour nous les commerçants ont armé leurs galères, Facile de payer, rien qu’en les bénissant. Maintenant je suis vieux, dévasté par le doute, La voie que j’ai suivie, est-ce une fausse route ? J’inscris cette question sur mes longs parchemins. J’inscris cette question qui devient un poème, Si cette vie sur terre est faite pour qu’on aime, Aimer la poésie est aussi un chemin.
Toile de Picasso J’aurais voulu chanter des mondes idylliques, Mais mon coeur se renferme ainsi qu’un escargot. J’aurais été athlète, aux athéniens portiques, Marin de haute mer ou cueilleur d’abricots… Mais voilà, je survis dans ce monde merdique, Comme en un tas de viande un modeste asticot, Je traite mes voisins de façon pacifique Et nous nous regardons en mangeant du gigot. J’aurais voulu graver des strophes impériales Ou célébrer ma joie ainsi qu’une cigale, Honorer des héros par-delà leur trépas ; Mais je suis là, timide, et ma plume en déroute Glane des mots banals au long des tristes routes, Tels qu’en les relisant, je ne les comprends pas.
Dessin de Picasso J’ai parfois l’impression d’être un double élément : Humain et animal comme le Minotaure Qui reste au labyrinthe en son égarement, Ou comme en promenade un perplexe centaure Ne sait s’il aime Ariane ou alors sa jument. Je sais que le désir jamais ne doit enclore Le coeur pensant d’un homme en un vouloir qui ment ; Mais mon coeur au désir se laisse prendre encore, Puisqu’une voix lointaine a sur moi tel pouvoir… Comment en ce vieux monde ai-je pu me mouvoir Jusqu’au déclin de l’âge en restant immature ? Agir avec raison, même au temps de l’amour, Mais rêver follement tout au long du parcours : Telle est la double loi de l’humaine nature.
Toile de Picasso Connaissons-nous l’amour, au-delà des symptômes ? L’art qui se développe à l’étage inférieur Est dépourvu d’index aux niveaux supérieurs : Nul ne cite Heidegger au métaphysiodrome. Naviguant à la voile,… Continue reading