Dans le fond des enfers

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Toile de Max Ernst Certaines nuits d’hiver, notre existence est rude ; Mais il faut toutefois relever ce défi. Je vais mobiliser ici mes aptitudes Pour décrire un curieux cauchemar que je fis. Je m’étais endormi, abruti par l’étude. Dans le fond des enfers la nuit me conduisit Où je fus enfermé en grande solitude ; Dans mon coeur un ennui profond s’introduisit. Pas de fleurs en ce lieu et, pas même, une ronce. Pas l’ombre de question, pas même, une réponse. Mon pauvre coeur était lourd comme un ciel d’hiver. Par chance il me restait un peu de ma mémoire Qui parmi mes écrits a puisé cent histoires ; Ma joie est revenue au rythme de ces vers.

Ce qui nous fit vibrer

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Toile d’Edvard Munch Ce qui nous fit vibrer ce fut vivre hors la loi Plutôt dans une loi qui n’était que la nôtre Indifférente aux voix des unes et des autres Déjà nous récitions nos articles de foi Et ce passé dès lors nous file entre les doigts De cette transgression ne serons plus apôtres Vous tous qui nous lirez cette histoire est la vôtre Si vos coeurs ont erré follement quelquefois La sauvage passion n’est pas pour un Cochon- fucius qui a les doigts rivés à sa galère Ses pauvres libertés de longtemps s’en allèrent Tu diras ce sonnet n’est pas trop folichon Je n’avais qu’un ciel gris ce jour devant mes yeux Et je ne prétends point aller vers d’autres cieux

Cupidon au Parnasse

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Toile de Toulouse-Lautrec Ce n’est pas évident de construire des rimes Pour noter ce que dit cent fois mieux le regard. Prendre ses sentiments pour un point de départ Peut être ressenti comme atteinte à l’intime. Pourtant, offrir des vers qui telle chose expriment, Ça contient des échos de magie, quelque part, Même si ce ne sont que quelques mots hagards, On sent que néanmoins ils touchent au sublime. Les discours en écho, les gestes en accord, La preuve que l’amour est toujours le plus fort, Celui qui vous endort sur une même couche. Seule une chose peut faire taire ce chant, C’est l’instant où nos corps, enfin se rapprochant, Se voient coeur contre coeur et bouche contre bouche.

Art poétique

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Toile du Dr. Taha Malasi Celui qui va lisant, écoutant un poème, Quelquefois, il met tout son être en vibration, De l’auteur il reprend les interrogations, Le coeur du lecteur bat plus fort quand l’auteur aime. Car l’auteur d’un écrit, ce n’est pas que lui­-même, C’est son clan, son village ou sa génération, Ses ancêtres lointains, toute la création Ayant mis dans son coeur et ses mots et ses thèmes. Une culture écrit quand l’homme prend la plume. Le paysan breton écrit avec sa brume, Celui des oliviers avec le bel azur. J’écris d’abord pour toi, si lointaine et si proche, Ma muse, mon amour, ma joie et mon reproche ; Mais ce n’est pas secret, c’est écrit sur un mur.

La fragilité du corps

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Toile de Dalí Ce corps meurt par fragments et ne se voit mourir, C’est juste que la vie paraît plus difficile. Le ton de nos sonnets est toujours juvénile, Mais, au long des chemins, nous allons, sans courir… Or, nous le savons bien, qu’il nous faudra périr. Ce corps que nous avons n’est qu’un vase fragile Qui au fleuve du temps doit rendre son argile, Et l’esprit une source en train de se tarir. Mais si la vie nous donne une force illusoire, Faisons que cette vie soit une belle histoire, Que viennent l’illustrer mille pages d’amour. Les morts ne draguent pas, ne boivent pas non plus Et ne relisent pas les livres… Continue reading

Une traverse

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Toile de René Magritte Ceci est un sonnet, mais ceci est un code ; Dans ces quatorze vers, un sens est contenu… Or, grâce à la couleur, un fil le montre nu. Je ne puis expliquer le moyen et le mode Dont votre esprit curieux de lire s’accommode, Et comment il salive à tenir le menu D’une auberge au régime un peu plus soutenu ; Car j’admire toujours un lecteur qui décode. Cependant, j’étais trop occupé pour répondre A ce faiseur de mots pendant qu’il allait pondre Une énigme occupant au pire un bref instant Et faisant travailler au moins quatre neurones. Mais serait-­ce un labeur pour quatorze amazones Dont au fier diapason secondes vont tintant ?

la galerie de portraits

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Toile de Toulouse-Lautrec Çà et là deux ou trois photos, Puis des amis qui se racontent, Et dont s’agrandit le troupeau, Avec un outil qui le compte. Des neufs, des vieux, des rigolos, Des charcutiers et des vicomtes, Des qui surfent de leur boulot (Mais pas besoin d’en avoir honte). Des commentaires instructifs, Ou quelquefois trop allusifs, Toute une vie qui se dévoile ; Ecriture de jour, de nuit, Propageant les différents bruits Que chacun glane sur la toile.

Une instruction silencieuse

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Peinture de Fan Zeng Bouddha ne parle pas. Chaque fois qu’un adepte Dit qu’il l’a entendu, sache qu’il a rêvé. Si ce disciple danse en disant « J’ai trouvé », Il est dans les erreurs de notre monde inepte. Cette vie est errance, et ne suit nul précepte. Exode avec fardeau, et nos pieds entravés, Aussi, ne marche plus. Laisse-­toi dériver Et n’entre qu’en maison qui ta visite accepte. Bouddha ne parle pas. C’est pourquoi l’excellence De la compréhension se voit dans le silence, Comme, au fort du combat, se taisent les lutteurs. Bouddha ne parle pas. Mais le vent, parfois, chante Pour rendre la froidure, au matin, moins méchante, Pour donner un sourire, aussi, à l’instructeur.

Tristes deux mille vins

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animaux chinois C’est l’année du virus et c’est l’année du rat, L’an prochain nous aurons l’année des hirondelles ; Beaucoup de professions ici manquent de bras, Car une épidémie fait beaucoup parler d’elle… Continue reading