Sobriété du bouc
image de l’auteur
À ce vieux bouc l’herbe suffit ;
De Cupidon ne reçoit flèche,
Ni aucun rêve qui l’allèche,
Ni de rival aucun défi.
Ce bouc n’est pas un porc bouffi,
Jamais il n’est battu en brèche ;
Et si son gosier se dessèche,
De la source il fait son profit.
Loin de tracas et loin d’envie,
C’est ainsi que finit sa vie
Dont corrigés sont les travers.
Que lui fait la voix des poètes,
Lui qui se tait, comme un ascète,
De son printemps à son hiver.
Voir
http://www.paradis-des-albatros.fr/?poeme=privat_d_anglemont/sonnet–un-livre-n-aurait-pas-suffi
ainsi que
https://paysdepoesie.wordpress.com/2013/08/07/sobriete/
LikeLike
Sans rapport avec ce poème mais avec une discussion que nous avons eu au sujet de l’écriture et du jeu ;
« Le travail c’est du temps transmuté en argent, l’écriture c’est le même temps changé en or. Tout le monde est contraint de travailler pour trouver de l’argent pour vivre. Personne n’est obligé d’écrire. Cette absence de contrainte apparente plus l’écrivain à un enfant qui joue, qu’à un homme qui travaille – même si ce jeu est nécessaire à la vie pour continuer d’être vivante. S’il y a un lien entre l’artiste est le reste de l’humanité, et je crois qu’il y a un lien, et je crois que rien de vivant ne peut être créé sans une conscience obscure de ce lien là, ce ne peut être qu’un lien d’amour et de révolte. C’est dans la mesure où il s’oppose à l’organisation marchande de la vie que l’artiste rejoint ceux qui doivent s’y soumettre : il est comme celui à qui on demande de garder la maison, le temps de notre absence. Son travail c’est de ne pas travailler et de veiller sur la part enfantine de notre vie qui ne peut jamais rentrer dans rien d’utilitaire »
Christian Bobin, L’épuisement, p 46 – 47.
LikeLiked by 1 person
«Garder la maison», l’image est très juste.
(Mais on peut aussi écrire au troquet).
LikeLiked by 1 person
Pingback: Sobriété du bouc – Héraldie, seconde fondation: 13 mars 2017. (Héraldique et Poésie)