Alcool de fruits

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Tant de fruits ont mûri sur des arbres sauvages
Qu’ils furent entassés dans un baquet rugueux,
Qu’ils furent piétinés par nos grands pieds fougueux,
Et qu’on les a changés en un friand breuvage.

Il est un temps pour tout, d’abord pour vendanger,
Pour laisser le nectar mûrir, vaille que vaille,
Pour en accompagner la modeste ripaille ;
Qu’on vous en laisse un peu, ça non, pas de danger.

Quand il est bien rempli, le ventre se déplisse,
Le coeur est satisfait, on dirait qu’il s’endort,
Enfin nous comprenons que la vie et la mort
Sont, en cet univers, d’éternelles complices.

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Photographie de Hossein Zare

Chanson-fable
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Vert-Paresseux Groventre
Et Démon Grandegueule
Voulaient montrer leur science
À Dame Jambefine.

Sous les feuilles d’un arbre
Ils se sont abrités,
Sur la plus haute branche
Brillait la Connaissance.

Groventre et Grandegueule
Ils se sont élevés,
La frêle Jambefine
Sur le sol est restée.

La douce Jambefine
Disait en suppliant :
« Vous qui êtes mes frères,
Lancez-moi quelques fruits. »

Groventre sarcastique
Disait à Jambefine :
« Voici des épluchures
De métaconnaissance. »

Groventre a pas fait gaffe,
La branche le traverse ;
Son lourd bedon explose,
Son frère en meurt de rire.

Jambefine en courant
Va le dire aux parents,
Mais son pied reste pris
Dans un trou de souris.