Vision de janvier

Victor_Hugo-The_King_of_the_Auxcriniers-c_1864-Pen_and_wash-19x25cm-Bibliotheque_Nationale_Paris

Dessin de Victor Hugo

Un ondin, passant sous les saules argentés,
Suit, sans faire aucun bruit, les sentiers enchantés.
La lune est toute ronde et ne porte aucun voile ;
Son éclat fantastique efface les étoiles.

L’ondin se fait léger, il faufile son corps
Entre les arbres noirs, dans les creux du décor.
Une branche parfois le frôle ou le caresse,
Un crapaud, du chemin, s’écarte avec paresse.

D’un hibou, par endroits, les vastes yeux dorés
Ont les mêmes reflets que les vases sacrés
Que recèle le temple aux murs de pierres sèches,
Temple où nul desservant, depuis longtemps, ne prêche.

L’ondin parcourt la nuit, qui sait dans quel dessein,
Peut-être simplement pour écouter l’essaim
Des chants dont son esprit en tout temps se colore ;
Des chants silencieux, du couchant à l’aurore.

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