Ludwig s’endort

Beethoven Dream
Gravure de François- Joseph Aimé de Lemud

Ludwig van Beethoven s’endort sur son pupitre
Et rêve qu’il s’envole au travers d’une vitre.
Il vole au bout du monde et n’est même pas las ;
Il tombe en un pays qu’il ne reconnaît pas.

Il est pris pour mari par la charmante reine,
Il est acclamé par une foule sereine ;
Il va dans un grand lit tout recouvert de fleurs,
De la reine étrennant la timide pâleur.

Un sourire pensif sur ses lèvres rayonne,
La cloche du palais bien fortement résonne,
On propose du vin à tous les ouvriers ;
On organise des courses de lévriers,

La couronne anoblit du nouveau roi la tête,
Le pays tout entier adopte un air de fête ;
Mais le roi, s’envolant au travers d’un carreau,
Rêve à présent qu’il est employé de bureau.

Avec un vieux collègue, il vide une bouteille ;
Ils ont tous deux la face un petit peu vermeille,
Et mettent leur pensée, un peu trop fort, à nu,
En éclatant d’un rire un peu trop ingénu.

La reine les rejoint, sa belle chevelure
Vole au vent de la course : elle s’affirme pure
Du désir de vengeance, ou de sa tentation ;
Mais elle ne veut point entrer en religion.

Puis Ludwig se réveille, et ne pouvant plus vivre
Cette belle aventure, il la met dans un livre.

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