Si j’étais un vieux moine, occupé à creuser

A monk

Toile de Eduard von Grützner

Si j’étais un vieux moine, occupé à creuser
Ma tombe en prévision de ma mort éternelle,
Je songerais au vin dont j’ai tant abusé
Et aux livres dont j’ai surchargé ma cervelle.

Si j’étais un vieux moine atteint de tremblements,
Bientôt paralysé, ne pouvant colmater
Le désir insensé qui le prend nuitamment
Quand d’invisibles yeux sur son coeur ont brillé,

Alors je chercherais dans les textes mystiques
Le moyen pour mon coeur de reprendre raison.
Mais je n’y trouverais que des voix prophétiques
Dont l’écho ferait ombre à ma méditation.

L’homme est impermanent, le monde est éternel.
Presque rien n’est connu par une introspection,
Et lorsque nous portons un verdict solennel,
Nous laissons trop parler ignorance et passion.

Si responsable fut le prince de sa rose,
Pourquoi la plongea-t-il dans la mélancolie ?
Il ne lui écrivit, ni en vers, ni en prose,
Non plus au dernier jour, quand il perdit la vie.

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