Donal Óg (la réponse du matelot)
Toile de Caspar David Friedrich
Le chien n’a point parlé, ni non plus la bécasse.
Tu as rêvé tout ça en marchant dans les bois,
Ou près de la falaise à la blanche paroi ;
Si ce n’est pas un rêve, alors, ça me dépasse.
Tu dis que j’ai promis, que veux-tu que j’y fasse,
On te dit quelque chose et voilà, tu y crois
Comme à ce que prétend ton charpentier en croix.
Ne suis-je pas marin, frère du vent qui passe ?
Si j’avais la nef d’or aux mâts d’argenterie,
Je te la donnerais, tu es la plus jolie ;
Mais je n’ai rien de tel, il faut me pardonner.
Tu dis que je t’ai pris le Dieu de tes prières ;
Est-il Dieu, celui qui, à son heure dernière
Disait : Père, pourquoi m’as-tu abandonné ?
Voir
http://www.google.fr/search?q=%22Cochonfucius%22+%22Donal%20%C3%93g%22
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Je met un “like” ici, mais je pourrais en mettre à chacun de tes poèmes et quelle belle illustration !
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« Mon dieu, mon dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Cette parole du Christ est la parole la plus amoureuse qui soit. Chacun en connaît la vibration intime. Aucune vie ne peut faire l’économie de ce cri. Cette parole est le cœur de l’amour, sa flamme qui tremble, se couche et ne s’éteint pas. Elle est aussi bien la seule preuve de l’existence de Dieu : on ne s’adresse pas ainsi au néant. On ne fait pas de reproches au vide.
Après, plus rien- l’arrachement du souffle, l’énergie qui déserte ce qui n’est plus que chair pourrissante. Cette dernière flambée de la parole fait du Christ mieux qu’un ange : notre frère angoissé et fragile ; « Mon dieu, mon dieu pourquoi m’as-tu abandonné ? » Ce cri qui s’en va exploser contre la gueule de marbre d’un Dieu muet, fait de celui qui le jette notre intime, le plus proche d’entre les proches : nous –mêmes quand la confiance s’en va de nous comme le sang par une veine coupée et que nous continuons à parler amoureusement à ce qui nous tue.
Il faut que le noir s’accentue pour que la première étoile apparaisse.
Christian Bobin , « l’Homme Joie »
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Merci pour cette éclairante citation !
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Si je peux te rendre un peu du plaisir que tu me procures c’est déjà bien. Bien à toi.
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Pingback: Donal Óg (la réponse du matelot) – Héraldie, seconde fondation: 13 mars 2017. (Héraldique et Poésie)