Mandelstam voit une ville

TransitoEnEspiral

Toile de Remedios Varo

Je reviens en un lieu familier jusqu’aux larmes
Qui vit dans mes vaisseaux et dans mon coeur d’enfant.
Et la ville me dit : Mange donc, revenant,
Mes lumières du soir, si tu es sous leur charme.

Reconnais à présent ce jour sans grande alarme
Mêlant du jaune d’oeuf à du goudron fumant ;
Ma ville, je ne suis pas encore un mourant,
Je veux savoir où sont mes copains de vacarme.

Ma ville, je connais même ceux qui sont morts,
Je peux les évoquer sans honte et sans remords.
Dans les noirs escaliers sonne au creux de mes veines

La sonnette d’un gars qui ne m’ouvrira plus,
De ceux que, dans la nuit, j’ai longtemps attendus,
Rien ne me parlant d’eux, que le bruit de leurs chaînes.

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